jeudi 28 juillet 2016





Carte postale N°2 ; à l’amie, à la sœur…
 
 
Jardin ouvert

C'est très amusant de se promener et de se focaliser sur ces motifs de jardins ; même les plus petits, ceux  qui agrémentent les espaces les plus incongrus.
Au-delà de la visée décorative, on leur accorde d'autres fonctions telles de garde-fou d'un escalier à qui on a oublié ou eu le manque de moyen d'y attribuer une rambarde. Ou alors un espace originellement sans fonction ; et il suffit de quelques pots et de fleurs et voilà que le jardin advient. Et puis il y a le plaisir de celui ou de celle qui conçoit cette accumulation de pot, car accumulation il y a ; c’est une chose récurrente. Sans ordre préétabli, ce sont les contenants qui retiennent l'attention. En terre, en céramique, en fibrociment pour les plus classiques, mais il y a les rois de la reconversion ou du détournement comme les troncs d'arbre évidés ( ici, on affectionne ce genre d'objet) les vieilles caisses en bois de récupération qui visiblement ne trouvent plus leur usage de contenant d'objets, les bassines en plastique colorées et de toutes tailles, les paniers dont on sait qu'ils ne tiendront qu'une saison et puis surtout ce qui donne le plus de saveurs poétiques, les cafetières émaillées ou en inox dépoli, les casseroles, les plats, les vases ébréchés ou écaillés. Un éventail de quincailleries et d’ustensiles de cuisine et de salle de bain déplient leur forme et leurs couleurs sous les auvents, dans les recoins et les angles des constructions qui rassurent l'occupant attaché à ses objets comme autant de petites touches pointillistes de leur vie. Au-delà des contenants, ce sont leurs supports qui régissent l'endroit. Des troncs d'arbre, des pierres, des agglos en ciment, des planches reposant sur deux plots de bois créer un petit banc, ou si on est un peu plus aventureux, une mini terrasse sur laquelle se dressent d'autres échafaudages. Mais il y a également les suspensions. Ne pas oublier la verticalité qui fait que le regard se lève doucement vers les systèmes d'attache, comme le crochet, la chainette, le macramé, le clou ; pas n'importe quel clou, le clou sophistiqué collé à une plaque qui représente quelque chose de familier comme un nain, un chat, une maison selon une variété de matières et de couleurs. Et puis, il y a les plantes, les élancées, les rampantes, les grimpantes, les graciles, les fragiles, les touffues et les abattues avec de grandes feuilles, des petites, des esseulées ou en groupe ; découpées, rondes, fines, pointues, rondes ou dentelées, lancéolées, palmées, auxquelles répondent les fleurs en profusion. Depuis le banal géranium rouge, rouge oranger qui évoque celui de  notre enfance, des pétunias, des surfinias, des gauras, de la lavande, des œillets, de couleur jaune, bleu, rouge, violet, mauve, des camaïeux des bicolores.
Un fil relie cet ensemble chamarré et disparate. Un fil qui révèle une présence absente, de celle que l'on ne voit jamais, mais que l'on devine avec son arrosoir, son pot à eau, sa casserole ou autre objet et qui dès le matin ou le soir répand la vie. Un jardin de vie ouvert, enjolivé, agrémenté, tellement précieux pour celle qui saura bientôt relever à son tour au détour d'un chemin les indices d'un jardin accessible au monde.